L'art nouveau et les bijoux

L'art nouveau

Art nouveau

 

En 1895, Siegfried Bing, marchand d’objets orientaux, ouvre à Paris une galerie d’art décoratif contemporain qu’il nomme L’Art Nouveau.

 

Le Musée des Arts Décoratifs possède le plus grand ensemble de bijoux Art Nouveau français. Ce court moment de l’art décoratif constitue une période phare dans le domaine de la bijouterie et tout particulièrement à Paris.

 

La collection comporte un nombre important de bijoux de René Lalique ainsi que des œuvres significatives des grandes familles de bijoutiers de la fin du XIXe siècle : les Falize, les Fouquet, les Vever et Lucien Gaillard, comme des bijoutiers moins célèbres : Edmond Henri Becker, Charles Boutet de Monvel, Paul Follot et bien d’autres.

 

Certains types de bijoux sont particulièrement bien représentés, ainsi les peignes dont la diversité des matières (corne, ivoire, bois) ne cède en rien à la richesse des thèmes chers à l’Art Nouveau : la femme, la flore et la faune.Le Musée des Arts Décoratifs possède le plus grand ensemble de bijoux Art Nouveau français. Ce court moment de l’art décoratif constitue une période phare dans le domaine de la bijouterie et tout particulièrement à Paris.

 

La collection comporte un nombre important de bijoux de René Lalique ainsi que des œuvres significatives des grandes familles de bijoutiers de la fin du XIXe siècle : les Falize, les Fouquet, les Vever et Lucien Gaillard, comme des bijoutiers moins célèbres : Edmond Henri Becker, Charles Boutet de Monvel, Paul Follot et bien d’autres.

 

 

Lien:

http://madparis.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/collections/dossiers-thematiques/lexique-de-la-bijouterie-1614/


KLIMT

-Klimt influencé par l'art nouveau.

Cette forme d'art prend son essor à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, plus particulièrement entre 1890 et 1910. Elle se veut ouverte dans le sens qu'elle brise certains préjugés qui veulent que l'art avec un grand ''A'' ne puisse pas se retrouver dans certaines techniques décoratives ou artisanales. L'art nouveau l'accepte et considère que tout ce qui est esthétique est en droit de s'appeler ''art''. L'art nouveau se veut partout, dans les oeuvres des artistes autant que dans l'architecture, le mobilier, le fer forgé ( les étonnantes bouches de métro à Paris), les lampes, les verrières (dont Tiffany aux É-U), l'art du verre et du cristal avec Daum et Lalique, et les bijoux. 

 

L'affiche prend ses lettres de noblesse grâce à l'art nouveau et les artistes de renommée acceptent d'en créer. Toulouse-Lautrec travaille ses affiches, le lettrages et mise en page, à la manière du style art nouveau, mais est aussi influencé par les gravures japonaises. 

Toulouse-Lautrec (1864-1901) est d'origine noble. Enfant, il subit une maladie des os suite à plusieurs chutes de cheval. Il sera infirme, ses jambes ne grandiront jamais. Refusé par ses pairs à cause de son aspect monstrueux, Toulouse-Lautrec fréquente surtout le monde des bordels, des bars et des Cafés Concert, et des courses de chevaux.

 

L'art nouveau prend son inspiration dans le monde végétal et le jeu des courbes gracieuses, que ce soit des grilles en fer forgé, des verres sur pieds, des bijoux ou du lettrage d'affiche. L'art nouveau utilise des couleurs transparentes ou lumineuses, cherche les effets irisés comme ceux que l'on retrouve sur les ailes de papillons.

Comparaison...

-Connaître 2 artistes très particuliers de la fin du 19ème siècle. (Gustave Klimt (Autrichien) et Edward Munch (Norvégien). 

 

 

Deux des artiste de la  fin du 19ème siècle, sont quelque peu différents de ceux qui travaillent avec les impressionnistes et les Post-impressionnistes. Edvard Munch (1863-1944) est Norvégien. Sa mère meurt de tuberculose alors qu'Edvard est encore très jeune. Sa soeur aînée la suit. Edvard est angoissé face èa la maladie et à la mort. Cette angoisse ne le quittera jamais plus.

 

Munch est très ami avec l'écrivain Strinberg. Ils ont tous deux les mêmes idées sur l'émotion appliquée à l'expression artistique. Tout comme Strinberg. Munch  partage son obsession: la peur de la femme, ce qui sera évident dans plusieurs de ses oeuvres. Le choix des oeuvres de Munchest particulier et unique: L'enfant malade, l'enfant mort sur les genoux de sa mère, la jalousie (un homme se tient la tête entre les mains alors qu'au loin, un couple s'embrasse), le vampire qui mort son conjoint qui l'embrasse. Et sa plus célèbre toile, retravaillée en gravure: Le Cri. Sa peinture est colorée, sensuelle et violente, chargée d'émotion et d'états d'âme. 

 

La Tempête suggère tant un déchaînement physique que psychologique: le personnage en blanc exprime sa solitude et le désespoir; les autres femmes qui se lamente en arrière rappellent le principe du choeur grec qui souligne le message.

 

 

Autant Edvard Munch craint la femme, autant Gustav Klimt (1862-1918) aime les femmes, qui le lui rendent bien. Klimt est né en banlieue de Vienne en Autriche. C'est un homme avare de mots, timide, au regard sensuel et fascinant, qui plaît. Il est sujet aux dépressions. Très ''Art nouveau'' dans ses goûts. Klimt accorde beaucoup d'importance à la fonction décorative et ornementale de l'art: l'ornement étant, pour Klimt, l'élément esthétique en soi. L'art nouveau élimine les barrières entre le Grand Art et les arts décoratifs et puise son inspiration dans la nature, tout particulièrement la nature végétale. Avant d'aborder une toile, Klimt fait des croquis en découpant et collant des motifs décoratifs qui lui servent d'inspiration. Son oeuvre la plus célàbre est incontestablement Le Baiser. Le musée national à Ottawa se glorifie de son célèbre Klimt représentant une femme enceinte et nue titrée Espoir.

 

Mada Primavesi est cependant une oeuvre typique de Klimt, riche en symboles et motifs décoratifs. C'est un portrait de la fille d'un banquier. Cette jeune adolescente exprime le passage de la vie d'enfant à la vie de femme. Les fleurs au corsage soulignent l'éveil de la sexualité.  

Gaudi

art nouveau

À retenir:

-Fin du 19ème siècle

-En 1895, le collectionneur et marchand français d’origine allemande Samuel Bing ouvre à Paris un magasin d'objets d'art et le baptise « L'Art nouveau », reprenant ainsi l'expression créée par la revue belge l'Art moderne, fondée en 1881.

Ce terme d’« Art nouveau » sera utilisé pour qualifier les créations des architectes et décorateurs avant-gardistes de la fin du xixe s. et des premières années du xxe s. Le mouvement se manifestera à une échelle internationale, s’étendant de Londres à Vienne et à Chicago.

L’emploi de lignes sinueuses, de courbes et de formes organiques représentera l’une de ses caractéristiques majeures.

Référence: http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Art_nouveau/106262

-Les États-Unis connaissent le style Tiffany

-Certains artistes reviennent à l'observation de la nature tout en reproduisant de nouvelles formes dans de nouveaux matériaux.

-L'objet d'art y est placé en harmonie avec son environnement.

-L'artiste, soucieux d'implanter l'harmonie dans la vie quotidienne, ne conçoit plus l'objet isolé de son environnement.

-Désormais, l'art est dans tout, et il découle de l'utile. Cette liaison du beau et de l'utile apparaît dans un contexte de révolution industrielle: la machine inquiète et séduit à la fois, car elle déshumanise le travail tout en produisant pour le plus grand nombre. 

-Dévoilée, la structure métallique de l'édifice devient aussi ornement. 

-Apparaissent de nouveaux caractères typographiques.

-Ce mouvement a pour objectif d'unir toutes les disciplines artisanales et artistiques, en réaction contre la laideur de l'environnement industriel. 

-Ils tentent de réconcilier la fantaisie et le rationalisme.

 

ESPAGNE

Barcelone est, à la fin du siècle, la capitale culturelle de l'Espagne. Le néoclassicisme florissant ne connaît qu'une exception : Antonio Gaudí y Cornet, architecte dont l'originalité a su séduire un mécène d'envergure, Eusebio Güell. Il traite la façade de la casa Milá comme un rivage où les grilles en fer forgé des fenêtres figurent des algues échouées. Son chef-d'œuvre – inachevé – reste la Sagrada Familia, église votive à la structure gothique magnifiée par des innovations audacieuses. Gaudí peuple d'animaux fantastiques cette sorte de concrétion minérale s'arrachant avec élan du sol. Il se consacre également au cours de sa carrière à la création d’éléments de mobilier et de pièces de ferronnerie destinés à ses propres réalisations.


Savez-vous faire la différence entre "Art nouveau" et "Art déco" ?

L’Art nouveau est l’art de la fin du XIXe siècle et du tout début du XXe. C’est « l’art de la belle époque ». Ce mouvement artistique qui accompagna le changement de siècle naquit en réaction à la révolution industrielle qui transformait l’Europe en société industrielle. Il prônait donc le retour de la nature au centre de l’Art (et de la ville).
L'Art nouveau se caractérise donc par des formes ondoyantes et enchevêtrées, des volutes, des enroulements, des arabesques, et privilégie l’esthétiques des courbes et des asymétries. C’est l’art de l’ornementation, des plantes, des fleurs. Cet art de l’émotion et de la sensualité s’exprima dans tous les domaines, de l’architecture au mobilier, de la sculpture à la mode, de la calligraphie à la joaillerie. Bien souvent, on le retrouve dans des travaux de ferronneries, des mosaïques, des fresques ou des vitraux. Enfin, quelques-uns de ses plus célèbres représentants furent Hector Guimard (les célèbres entrées du métro parisien), Alfons Mucha, Emile Gallé, Louis Majorelle ou Antoni Gaudi.
Bref, si vous ne deviez retenir qu’un adjectif caractérisant cet art de la nature, retenez celui de « pittoresque ».
L’Art déco succéda à l’Art nouveau, et vit son apogée dans les années vingt, autour de « l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes » (Paris, 1925) qui lui donna son nom. C’est « l’art des années folles ». Il naquit justement en réaction à l’Art nouveau, en rupture avec cet art des circonvolutions que ces nouveaux artistes moquaient comme « l’art nouille ».
Par essence, l’Art déco est donc l’art du modernisme, du propos direct et droit. C’est l’art de la géométrie, de l’ordre, de la symétrie, de la sobriété. C’est l’art des angles, des pans coupés, des cercles, des arrondis et des octogones, qui dans la peinture, trouva son écho dans le cubisme. L’Art déco est l’art du retour en grâce de la technique : c’est l’art de la science, des découvertes, des voyages (trains, paquebots, hôtels), de l’automobile, de l’aviation. Cet art « stylisé » est souvent caractérisé par des socles, de la marqueterie, ou des luxueux matériaux de l’époque, en provenance des colonies : des bois exotiques (l’ébène de macassar), du galuchat, de l’ivoire, de la laque. Enfin, notez que l’Art déco, né comme un mouvement extrêmement luxueux, devint aussi un art de crise, suite à la crise de 29. L’Art déco devint donc un art de masse au début des années 30, utilisant un tout nouveau matériaux : le plastique. A ce titre, l’Art déco marqua d’ailleurs la naissance du design.
L'Art déco, art de la modernité, colle avec son époque : là où l’Art nouveau vantait une femme arrondie, bucolique et poète, l’Art déco révèle une toute nouvelle femme, longiligne, mince, élancée, habillées à la mode, voire androgyne, en totale rupture avec la représentation artistique classique de la femme. C’est l’art de la femme moderne, précurseur de la femme actuelle. Parmi les artistes les plus célèbres de l’Art déco, citons Jacques-Emile Ruhlmann, Jules Leleu ou René Lalique.
Bref, si vous ne deviez retenir qu’un adjectif caractérisant l’art déco, retenez celui que j’ai dû répéter 10 fois : « moderne ».

 

Les bijoux...

L'Art nouveau est un mouvement artistique de la fin du xixe et du début du xxe siècle qui s'appuie sur l'esthétique des lignes courbes.

Né en réaction contre les dérives de l’industrialisation à outrance et la reproduction sclérosante des anciens styles, c'est un mouvement soudain, rapide, qui connaît un développement international : Tiffany (d'après Louis Comfort Tiffany aux États-Unis), JugendstilNote 1 (en Allemagne), Sezessionstil(en Autriche), Nieuwe Kunst (aux Pays-Bas), Stile Liberty (en Italie1), Modernismo (en Espagne),style sapin (en Suisse), Modern (en Russie). Le terme français « Art nouveau » s’est imposé au Royaume-Uni, en même temps que l’anglomanie en France a répandu la forme Modern Style au début du xxe siècle2.

S'il comporte des nuances selon les pays, ses critères sont communs : l'Art nouveau se caractérise par l'inventivité, la présence de rythmes, couleurs, ornementations inspirés des arbres, des fleurs, des insectes, des animaux, et qui introduisent du sensible dans le décor quotidien. C'est aussi un art total en ce sens qu'il occupe tout l'espace disponible pour mettre en place un univers personnel considéré comme favorable à l’épanouissement de l'homme moderne à l'aube du xxe siècle. En France, l'Art nouveau était appelé « style nouille » par ses détracteurs, en raison de ses formes caractéristiques en arabesques, ou encore « style Guimard », à cause des bouches de métro parisiennes réalisées en 1900 par Hector Guimard.

Apparu au début des années 1890, on peut considérer qu’à partir de 1905, l'Art nouveau avait déjà donné le meilleur de lui-même et que son apogée est atteint3. Avant la Première Guerre mondiale, ce mouvement évolua vers un style plus géométrique, caractéristique du mouvement artistique qui prendra la relève : l'Art déco (1910-1940).

Les prémices de cet art sont perceptibles dans la dimension onirique perceptible chez les peintres préromantiques.Augustus Pugin, classé parmi les artistes de style néogothique, et qui vit en Angleterre vers 1830-1850, possède une invention qui préfigure l’extraordinaire saturation décorative de l’Art nouveau, la liberté des formes, la puissance de la couleur, la lutte entre architecture et décor qui est l’un des grands combats artistiques de la seconde moitié duxixe siècle4. Par ailleurs, le préraphaélisme s'éveille dès 1850 aux courbes et aux couleurs, inspirées des maîtres italiens du xve siècle ou de la Renaissance florentine (Botticelli) par réaction à la révolution industrielle.

Les fondements théoriques du mouvement Arts & Crafts, comme les thèses de William Morris, de John Ruskin, lequel influence Arthur Heygate Mackmurdo, ou de Charles Rennie Mackintosh qui réalise la Glasgow School of Art àGlasgow de 1897 à 1899, définissent un nouvel art décoratif au Royaume-Uni. Ils se prononcent contre les dérives de l'industrialisation et de l'assèchement créatif qu'elle entraîne, ils prônent un retour à l'esprit des guildes médiévales, à l'étude du motif naturel, à l'emploi de formes épurées : la régénération de la société ne se fera que par la vérité des formes qui l'entourent et dont elle use. Dans la foulée se développe un courant assez proche appelé esthétisme et qui marquera des artistes comme Oscar WildeEdward Burne-Jones à partir de 1874 ou Aubrey Beardsley en 1893.

Espagne[modifier | modifier le code]

En Espagne, et plus précisément en Catalogne, le mouvement porte le nom de modernisme catalan à la suite de l'exposition universelle de 1888 de Barcelone. Il se construit durant les années 1870 sur la conjonction de plusieurs facteurs : la rénovation artistique, en parallèle d’autres arts contemporains, la recherche de nouvelles expressions formelles et la volonté de se situer dans une modernité d’envergure européenne. Selon les mots de l’écrivain Joan Fuster, il a vocation à transformer « une culture régionale traditionaliste en une culture nationale moderne ».

Ce mouvement présentait des similitudes conceptuelles et stylistiques avec diverses variantes de l’Art nouveau qui se développait en Europe à la même époque. Par contre, il se singularisait selon trois aspects : il se développait dans la continuité de la renaissance catalane (1833-1880) ; il apparait au moment où existait un pressant besoin d’évolution et de rénovation politique et sociale et, alors qu’au même moment, la plupart des villes de Catalogne s’agrandissaient à un rythme hors de toutes comparaisons depuis la Renaissance — Girone, Tarragone, Reus, Sabadell, Terrassa, Mataro et surtout Barcelone avec son plan Cerdà (lancé en 1859), qui offrait 1 100 hectares de terrains nus à l'imagination des architectes6. En outre, et contrairement à d'autres pays d'Europe, il cherchait à créer un art national là où d'autres pays cherchaient à dépasser leurs frontières7Antoni Gaudí est le principal représentant des nouvelles tendances de ce mouvement, dès 1886 avec notamment le Palais Güell (1886-1890) orné de ferronneries et pinacles ouvragés, qui succède à sa période orientalisante initiée en 1883 (El CaprichoCasa Vicens) et précède le Collège Sainte-Thérèse de Barcelone (1888-1889) aux accents déjà modernes, puis le plein épanouissement de sa période naturaliste à la fin du siècle.

Belgique et France[modifier | modifier le code]

En France, le propos, plus ou moins moral, se veut plus rationnel, moins tourné vers le passé et moins fermé aux matériaux nouveaux : dans ses écrits théoriques marqués par le rationalisme (Entretiens sur l'architecture, 1863), Eugène Viollet-le-Duc ne rejette pas le matériau moderne (le fernotamment), mais veut au contraire l'afficher en lui donnant une fonction ornementale et esthétique, à la manière des structures gothiques du Moyen Âge. Paradoxalement connu comme le chef de file français du mouvement néo-gothique, Viollet-le-Duc sera l'inspirateur de nombreux architectes de l'Art nouveau. Par ailleurs, certaines de ses œuvres décoratives, notamment ses fresques peintes au château de Roquetaillade (1850), sont de parfaits exemples du lien de filiation entre le mouvement néogothique et l'Art nouveau. Mais c'est à partir de 1892 à Bruxelles avec Victor Horta,Henry Van de Velde et Paul Hankar, puis en France que sont définis les principes formels d'une architecture spécifiquement dénommée « Art nouveau ».

Dans les arts décoratifs, de même que dans les pays germaniques ou en Italie, l'excellence de l'artisanat d'art ne connait pas de rupture malgré l'avancée de l'industrialisation, les concepteurs n'ayant jamais cessé de bénéficier des savoir-faire de praticiens issus notamment de la tradition ducompagnonnage. Au milieu des années 1860, l'influence du Japonisme par ses solutions formelles nouvelles aura un impact majeur sur les arts décoratifs en France, en introduisant également ses arabesques dans le mobilier (Gabriel Viardot), dans l'art de la céramique, ou dans celui de l'estampe qui dans les années 1880 connait un renouveau, soutenu par Auguste Lepère, et en influant ensuite sur les beaux-arts, avec lecloisonnisme qui s'inspire du vitrail et se développe au moment où le symbolisme (Gustave MoreauOdilon Redon) mêle l'étrange à la rêverie. À la suite de l'émergence du style « Art nouveau » proprement dit au début des années 1890, caractérisé par ses courbes et formes végétales8, le mobilier ne se départ cependant pas jusqu'à la fin du xixe siècle de la sophistication propre à un artisanat de luxe au détriment de formes plus dépouillées expérimentées dans d'autres pays, cette fois sous l'influence initiale de l'habitat japonais. De cette esthétique particulière développée en Belgique et en France, à laquelle l'Exposition universelle de 1900 donnera une audience internationale, est issue l'expression « Art nouveau », apparue à Bruxelles et reprise à Paris par la galerie d'art créée par Samuel Bing, d'abord consacrée au japonisme puis rebaptisée Maison de l'Art nouveau en 1895, pour promouvoir cette nouvelle tendance. Celle-ci est contemporaine de plusieurs autres mouvements européens, parfois similaires comme à Prague avec Alphonse Mucha, déclinés dans plusieurs pays d'Europe selon leur contexte national ou plus avant-gardiste encore, avec la Sécession viennoise qui apparait également dans les années 1890.

Les débuts de l'Art nouveau[modifier | modifier le code]

« À chaque époque son art, à chaque art sa liberté ! »

— Devise de la Sécession Viennoise inscrite sur le Palais de la Sécession à Vienne, 1897.

Intérieur de l'hôtel Tassel.

En architecture, les prémices de l'Art nouveau — appelé « modernisme catalan » — se retrouvent dès 1871 dans les cours de la nouvelle École provinciale d'architecture de Barcelone, qui était alors dirigée par Elies Rogent i Amat (1821-1897) et dans les œuvres de Josep Domènech i Estapà — malgré lui, puisqu’il refusa explicitement ce mouvement. Cependant, il est classique de considérer qu'en Catalogne l'Art nouveaucommence en 1888, lors de la première exposition universelle de Barcelone, occasion pour laquelle un grand nombre d'édifices modernistes furent construits. De cet évènement subsistent encore l'arc de Triomphe de Barcelone et le Château des trois dragons6.

En 1893Victor Horta construit à Bruxelles l'hôtel Tassel, considéré comme le tout premier édifice Art nouveau à exploiter la ligne courbe, symbole entre tous de ce mouvement. La fluidité des espaces fait écho aux courbes végétales qui investissent ferronneries, mosaïques, fresques et vitraux, éléments tant structures qu'ornements, dans la plus parfaite ligne d'Eugène Viollet-le-Duc. Horta conçoit un édifice inédit avec des meubles qui correspondent au rythme des murs et de l’architecture ; il dessine les motifs des tapis, conçoit les meubles : c'est la naissance d'un « Art total ».

Art nouveau, affiche de la galerieSiegfried Bing (1895).

À la fin du xixe siècle, les échanges artistiques s’intensifient, ce qui participe à la diffusion du mouvement. Des albums et revues d’art et d’architecture sont abondamment illustrées et propagent les idées nouvelles, comme L'Estampe originale (1888-1895), The Studio (1893), Jugend (1896), Art et décoration (1897), etc. Le développement des moyens de communication permet aux architectes de voyager ; ainsi des connexions s'établissent entre Bruxelles et Paris : Hector Guimard sera très influencé au cours d’un voyage qu’il a fait en 1895 pour voir les architectures de Victor Horta, ce qui l’amènera à intégrer certaines de ses formes dans sa propre architecture3. De même, des liens très étroits se tissent entre Vienne et Glasgow, et un architecte comme Otto Wagner recevra la visite de Charles Rennie Mackintosh.

L'expression « Art nouveau » est employée pour la première fois par Edmond Picard, en 1894, dans la revue belge L'Art moderne, dans la lignée de La Jeune Belgique, pour qualifier la production artistique d'Henry van de Velde9.

Cependant, le nom a été inventé par Van de Velde avec Victor HortaPaul Hankar et Gustave Serrurier-Bovy10. Elle passe en France, lorsque, le , elle devient l'enseigne de la galerie d'art deSiegfried Bing, sise 22, rue de Provence à Paris, sous le nom maison de l'Art nouveau. Y sont exposés de grands noms des mouvances symbolistes et Art nouveau : outre van de Velde, citons MunchRodinTiffanyou encore Toulouse-Lautrec. Empruntant une voie plus solitaire, Hector Guimard fait figure de génie prolifique et isolé, créant son propre univers, le « style Guimard ».

Mais c'est Nancy qui va constituer le plus bel ensemble d'Art nouveau français. La ville a accueilli à partir de 1870 de nombreux Lorrains qui souhaitaient rester Français, après l'annexion de la Moselle par l'Allemagne. L'Art nouveau y devient le moyen d'expression d'un régionalisme revendiqué. Émile GalléDaum FrèresJacques Grüber et bien d'autres, créent l'École de Nancy.

Ces créateurs authentiques sont vite rattrapés par le succès d'une mode dont ils sont (involontairement) les inspirateurs, et qui triomphe à l'Exposition universelle de Paris en 1900, notamment dans une bimbeloterie envahissante (dénoncée par Bing et van de Velde) qui ternit pendant longtemps la mémoire de l'Art nouveau.

Une nouvelle manière de s'exprimer[modifier | modifier le code]

C'est à partir d'idées et d'idéaux communs que naquit l'aspiration à un style homogène qui trouverait son expression non pas dans l'uniformité, mais dans la diversité11. L’Art nouveau contient l’acceptation des différences de genre et d’esprit entre les êtres, il procède d’une très grande générosité de pensée. Ainsi dans la même ville, Bruxelles, trois architectes de renom ont pu cohabiter : Paul HankarHenry van de Velde et Victor Horta. Plutôt que de s’enfermer dans un style, les artistes ont avant tout la volonté de trouver de nouvelles manières de s’exprimer3.

Un art de la jeunesse[modifier | modifier le code]

Sgraffites sur la maison Cauchie, Bruxelles (1905).

L’Art nouveau apparaît un peu partout au même moment. L'historien Mario Praz parlera de « déflagration », « d'explosion de la jeunesse ». Ce courant est le fait d'une génération d'artistes, souvent jeunes (Hector Guimard a moins de trente ans lorsqu'il dessine le métro parisien), et qui sortent de leur tour d'ivoire pour prendre en main le décor de la vie. L'objectif est de rompre avec l'exploitation des styles du passé, afin de proposer une alternative à un historicisme officiel qui empêche le renouveau des formes. Le terme allemandJugendstil signifie explicitement « style de la jeunesse ».

L’Art nouveau vient en réaction à l’obligation de faire ce qui est convenable, codifié. Ainsi, la lecture de labaronne Staffe, qui a écrit un traité des bonnes mœurs pour faire l’éducation des classes moyennes, permet de mieux comprendre la société de 1900 : tout y apparaît codifié, de la longueur du voile de deuil à la carte de visite en passant par le type de chapeau… Ces règles seront insupportables aux artistes de la mouvance Art nouveau, tout comme celui-ci paraîtra insupportable, en tant qu'art non convenu, dans lequel il est impossible de se repérer par rapport aux styles et aux conventions de l’époque3. Dans l’Art nouveau, il y a liberté de jouer, de s’amuser, d’être non conventionnel : c'est un art sonore, joyeux, musical, ce n’est pas un art du silence, de l’austère5.

Plus encore, la sensualité et l’érotisme de l’Art nouveau font scandale. S'il porte une charge érotique manifeste, la sensualité des formes végétales comme la sur-utilisation de l’image de la femme dans le répertoire ornemental sont intimement liés à ce sentiment de vie que les artistes cherchent à restituer dans le décor quotidien3.

Un art dans la vie[modifier | modifier le code]

Lampe Tiffany (vers 1890-1900).

Réaliser l'unité de l'art et de la vie, tel était l'objectif déclaré de l'Art nouveau11, qui estime qu’il faut un cadre de vie qui correspond aux exigences de l’homme moderne du début du xxe siècle. Un autre objectif est de réagir contre une dérive liée à l’industrialisation à outrance et dépourvue de toute capacité d’invention. Prendre la nature comme référence, c’est alors réagir contre le rationalisme du début de l’ère industrielle, sa froide efficacité et sa morale puritaine. Les motifs habituellement représentés sont des fleurs, des plantes, des arbres, des insectes ou des animaux, ce qui permettait non seulement de faire entrer le beau dans les habitations, mais aussi de faire prendre conscience de l'esthétique dans la nature. Si la référence à la nature est une constante, la façon dont ces artistes vont aborder les modèles naturels varie.

Émile Gallé est un artiste naturaliste qui s'inspire de la nature en la stylisant très peu, il utilise ses formes dans les décors et dans les dessins de ses meubles. D’autres artistes vont plus loin et restituent dans les formes qu’ils inventent le sentiment de la sève qui circule dans le monde végétal. Naissent ainsi des formes qui suggèrent plus un organisme en croissance qu’un modèle précis. C'est par exemple le cas de Guimard, de Gaudí et de certains artistes allemands, comme August Endell, qui partent de la nature pour évoluer vers un phénomène d’abstraction3.

Les artistes vont créer des formes originales, inédites, inventer un vocabulaire nouveau tout en tenant compte de la possibilité de les reproduire industriellement. C'est une réaction à la fois contre une industrialisation mal pensée, tout en intégrant cette volonté de modernité. Avec l'utilisation des matériaux nouveaux et des moyens de production modernes, l'un des buts poursuivis, pour lequel il a échoué, était de s’adresser au plus grand nombre.

C'est dans cette optique que les anciens matériaux, comme le bois ou la pierre, ont été élégamment mariés avec les nouveaux, comme l'acier ou le verre. Pour chacun d'eux, des artistes ont poussé leurs recherches à l'extrême pour en tirer le meilleur parti. C'est ainsi que les pâtes de verre multicouches, les rampes d'escalier à entrelacs de ferronneries, les meubles aux ondulations de bois ont permis de mettre l'art à disposition de tous, pour un coût abordable, tout en gardant une volonté d'innovation formelle, inspirée de la nature. Cet art est tout de même lié à de nombreux mécènes et se propage dans un premier temps dans un milieu élitiste bourgeois.

Les clients sont nombreux pour les vases Gallé, dans les milieux mondains parisiens, entre 1896 et 1899. Mais, très vite, le succès populaire notamment dans le domaine de l’affiche, en fait quelque chose qui manque de classe et l’Art nouveau sera assez vite assimilé à l’émergence des classes moyennes. Très vite dévalué, puis mis en cause par les nationalistes, il devient totalement inexistant dans les milieux supérieurs en quelques années. Au contraire, dans les classes moyennes françaises, l’Art nouveau a une très longue durée, et se prolonge jusque dans les années 1920, comme en témoigne l’Exposition des Arts Décoratifs de 1925, où son influence est encore sensible4.

Un art dans la ville[modifier | modifier le code]

La façade du Castel Béranger, d'Hector Guimard

Si le xxe siècle qui se profile se rêve nouveau et moderne, on se rend aussi compte que cette modernité risque de couper l'homme de la nature. Tout se passe comme si celle-ci risquait de s'échapper et que les artistes devaient essayer de la réintroduire le plus naturellement possible dans le cadre de vie. L’Art nouveau est un art essentiellement urbain, citadin qui trouve un écho dans des villes comme BarceloneGlasgowVienneParis ouBruxelles.

En France, l'Art nouveau se décline en deux écoles : Paris et Nancy.

À Paris, Samuel Bing, marchand d'art, ouvre en 1895 une galerie : la Maison de l'Art nouveau. Précurseur français du mouvement, qui sera baptisé, comme son magasin, l'Art nouveau, Bing expose des designers, tels Van de Velde, Colonna ou de Feure. À la même époque, la construction d'un immeuble, le Castel Béranger, rend célèbre, malgré les critiques, son architecte Hector Guimard ; le « style Guimard » est aujourd'hui indissociable des entrées du métro parisien, réalisées en fonte industrielle.

À Nancy, c'est autour d'Émile Gallé, verrier et ébéniste, qu'est créée en 1901 la fameuse École de Nancy. Par ce courant résolument novateur, Nancy s'affirme comme la capitale de l'Art nouveau en France. Des verriers, ébénistes, architectes ou ferronniers de renom en étaient membres. À titre d'illustration, un immeuble aujourd'hui monument historique, sis au 22, rue de la Commanderie, à Nancy, est le fruit de la collaboration entre l'ébéniste et ferronnier d'art Eugène Vallin, le verrier Jacques Grüber et l'architecteGeorges Biet12. Parmi les architectes nancéiens, citons encore Émile André, membre du comité directeur de l'école de Nancy avec, à son actif, une douzaine d'immeubles Art nouveau dans cette ville. De même Reims, ville reconstruite après la Première Guerre mondiale, peut-être considérée comme une ville de l’Art nouveau tardif4. En Alsace-Moselle, on remarque la présence du Jugendstil (équivalent germanique de l'Art Nouveau) dans l'architecture, du fait de l'annexion allemande, notamment à Strasbourg et à Metz.

S'il existe des maisons de campagne d'inspiration Art nouveau, elles sont souvent commanditées par les mêmes personnes qui font construire leur hôtel particulier, ou hôtel de rapport, en plein cœur de la ville. L'Art nouveau inspire bien sûr l'architecture de nombreux immeubles parisiens, mais surtout celle, parfois très soignée, de nombreuses villas anciennes en meulière, construites pour la plupart au début du xxe siècle, et que l'on peut découvrir en banlieue parisienne, notamment dans les villes de banlieue du Val-de-Marne, de l'Essonne et de Seine-Saint-Denis. Celles-ci se caractérisent par leurs audaces en fer forgé, leurs décors de briques et de faïence, leurs pignons et parfois leurs petites tours. C'est dans ces banlieues que des architectes français expérimentent de nouveaux matériaux et de nouveaux styles inaugurant l'Art nouveau qui, par opposition à l'académisme, se veut total.

En Catalogne, après l'explosion de l'exposition universelle, l'Art nouveau est surtout un fait bourgeois. Il fleurit sur l'avenue du passeig de Gràcia, à BarceloneNote 2, et dans les principales artères de l'Eixample, à la faveur de concours d'architectures organisés par la ville. Il conquiert rapidement tous les domaines et devient un art officiel avec les commandes publiques de bâtiments de grande dimensions (le palais de la musique catalane, l'hôpital de Sant Pau, le conservatoire de Barceloneetc.) et pour l'aménagement urbain (des luminairesplaces ou bancs). Pensé pour accueillir un quartier de la ville entièrement moderniste, le parc Güell resta cependant un des rares jardins publics Art nouveau, avec la fin de la vogue de cet art comme avant-garde, et le retrait des investisseurs. Propulsé par de riches industriel, l'Art nouveau devient rapidement — contre ses idéaux d'origine — un style industriel. L'usine textile Casaramora ou le cellier Güell sont des exemples de ce modernisme appliqué à l'industrie et aux exploitations agricoles. Cette architecture est également appliquée à l'art religieux (Sagrada Famíliacrypte de la Colonie Güell, cimetières), aux bâtiments scientifiques (observatoire Fabra), voire scolaires (école de la Sagrada Famíliacollège Sainte-Thérèseetc.).

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Un art total[modifier | modifier le code]

S'il est relativement polymorphe, l'Art nouveau concerne avant tout l’architecture et les arts du décor.

Mobilier[modifier | modifier le code]

Lit et psyché de Gustave Serrurier-Bovy (1899), exposé au musée d'Orsay.
Vase en étain Art nouveau, par Orivit(vers 1900).
Déclinaison industrielle de l'Art nouveau : une poignée de porte de magasin, dessin anonyme (Haute-Vienne).

La conception du meuble de l'Art nouveau fait revivre l'artisanat : il est le style du concepteur individuel, remettant en son centre le travail de l'artiste et éloignant celui de la machine. L'innovation majeure dans le domaine de la décoration intérieure se situe dans la recherche d’unité. Toutefois, le style n’échappe pas à certains parallèles avec la tradition, en particulier gothiquerococo et baroque ; le gothique servit ainsi de modèle théorique, le rococo d’exemple dans l’application de l’asymétrie, et le baroque de source d’inspiration en matière de conception plastique des formes. De son côté, l’art coloré du Japon, par son traitement hautement linéaire des volumes, contribua également massivement à l’émancipation de l’Art nouveau de l’asservissement à la symétrie des ordres grecs.

Le bois prenait des formes étranges et le métal, à l’imitation des entrelacements fluides de la nature, devint tortueux. En effet, le style est très largement basé sur l’observation de la nature, non seulement en ce qui concerne l’ornement, mais aussi d’un point de vue structurel. Des lignes vitales, sensuelles et ondoyantes, irriguent la structure et en prennent possession. Chaises et tables semblent modelées dans une matière à la mollesse caractéristique. Partout où cela est possible, la ligne droite est bannie et les divisions structurelles sont cachées au bénéfice de la ligne continue et du mouvement. Les plus belles réussites de l’Art nouveau, au rythme linéaire marqué, relèvent d’une harmonie qui les rapproche de l’ébénisterie du xviiie siècle.

C’est à Nancy que les affinités entre rococo et Art nouveau apparaissent de la manière la plus convaincante. Moins fascinant, mais faisant partie des personnalités artistiques les plus en vue de l’époque, Louis Majorelle (1859-1926) est le deuxième chef de file du courant Art nouveau à Nancy. Les travaux d’incrustation de Gallé étaient le point fort, en variant beaucoup les motifs, en allant du végétal aux inscriptions littéraires à contenu symbolique. Typique pour la production de ce maître est la transformation d’éléments structurels en tiges ou en branches se terminant en fleurs. Contrastant avec l’école de Nancy, l’Art nouveau parisien est plus léger, plus raffiné et austère. Les motifs d’inspiration naturelle présentent un degré de stylisation plus grand, parfois même une certaine abstraction, et apparaissent de manière marginale.

Bijouterie-joaillerie[modifier | modifier le code]

Long collier dit sautoir. La mode est au bijou fantaisie (laiton, verre, corail…).
Collier René Lalique (vers 1898-1900).

L’art de la joaillerie a été revitalisé par l’Art nouveau, la principale source d’inspiration étant la nature. Cette rénovation fut complétée par la virtuosité atteinte dans le travail de l’émail et des nouveaux matériaux, tels que l’opaleet autres pierres semi-précieuses. L’intérêt généralisé porté à l’art japonais et l’enthousiasme grandissant pour les différentes techniques de la transformation du métal, jouèrent un rôle considérable dans les nouvelles approches artistiques et les thèmes d’ornementation.

Durant les deux siècles précédents, la joaillerie fine s’était centrée sur lespierres précieuses, particulièrement sur les diamants. La préoccupation du joaillier consistait principalement à former un cadre adapté, afin que la pierre resplendisse. Avec l’Art nouveau, un nouveau type de joaillerie voit le jour, motivé et dirigé par le concept du dessin artistique, ne donnant plus l’importance centrale du bijou à la pierre sertie.

Les joailliers de Paris et Bruxelles furent les principaux instigateurs de ce revirement, donnant un nouveau souffle qui se traduira rapidement par une large renommée du style Art nouveau. Les critiques français contemporains étaient unanimes : l’art de la joaillerie traversait une transformation radicale, et le joaillier et maître verrier René Lalique se trouvait en son centre. Lalique glorifia la nature dans ses créations, amplifiant son répertoire pour y intégrer des éléments peu conventionnels — citons les libellules et herbes — inspirés par les dessins de l’art japonais.

Les joailliers désiraient se démarquer tout en inscrivant ce nouveau style dans une tradition, puisant leur inspiration dans la Renaissance, pensons notamment aux bijoux en or émaillé et sculpté. Dans la majorité des créations émaillées, les pierres précieuses cédèrent leur place prédominante, les diamants étant relégués à un rôle subsidiaire en combinaison à des matériaux moins habituels comme le verre modelé, l’ivoire et la corne. La perception du métier de joaillier évolue, considéré par ses créations comme artiste et non plus comme artisan.

Peinture[modifier | modifier le code]

MélancolieGeorges de Feure.

Louis Guingot, peintre résolument Art nouveau, mais méconnu, était membre du mouvement de l'École de Nancy. Il utilisait une technique de peinture à la colle très originale. Citons également Henri Bellery-DesfontainesJules Chéret,Georges de FeureVictor Prouvé et Théophile Alexandre Steinlen, tous artistes peintres qui se dédièrent tout autant à la peinture, à la lithographie et à l'affiche, refusant la séparation entre arts nobles et arts mineurs : la peinture devient un élément du décor.

En Suisse, on peut aussi citer le nom de André Evard.

Arts graphiques[modifier | modifier le code]

Article connexe : Collection JOB.

Des couvertures de livres aux illustrations de revues, des affiches publicitaires aux panneaux décoratifs, de la typographie de presse aux cartes postales, l’Art nouveau a laissé sa trace.

Dans le cadre du renouveau de l'estampe dans les années 1880, soutenu notamment par Auguste Lepère, l'un des précurseurs du nouveau graphisme a été Jules Chéret, le fils d'un typographe, qui avait suivi des cours à la Petite École, future École nationale des arts décoratifs. L'apprenti typographe a développé une nouvelle technique, plus économique, pour la reproduction de la lithographie en couleurs, plus adaptée à la reproduction de masse de l'affiche publicitaire. En outre, il a amélioré la nature esthétique du manifeste, en lui fournissant des motifs décoratifs, le transformant en un art décoratif de forme autonome. Il a été appelé « le père de l'affiche Belle Époque », et a inspiré et encouragé d'autres artistes à explorer le genre.

Des nombreux auteurs qui s’y adonnèrent, le plus influent étant sans conteste le Tchèque Alfons Mucha. Ses créations gagnèrent une renommée internationale, grâce à la délicatesse de ses dessins qui incluaient le plus souvent la figure féminine comme figure centrale, enveloppée par des arabesques d’éléments naturels. Son style, principalement utilisé dans les œuvres à caractère commercial, fut imité par les illustrateurs de son époque. Ce fut, par exemple, le cas de Gaspar Camps, surnommé le Mucha catalan.

Aubrey Beardsley fut un des plus originaux artistes Art nouveau ; ses illustrations en noir et blanc projetant un style très personnel, malgré l’irrévérence érotique et la polémique issue des thèmes qu’il choisit d’illustrer. D’autres affichistes célèbres sont Privat LivemontKoloman Moser,Charles Rennie MackintoshEugène GrassetFranz von Stuck ou encore Ramon Casas qui est un artiste du modernisme catalan.

En typographie, de nombreuses créations de caractères se font dans l’esprit de l’Art nouveau, avec, entre autres, Eugène GrassetErnest Lessieux etGeorge Auriol (polices AuriolFrançaise légère) en France, Otto Weisert (police Arnold Böcklin, 1904) en Suisse…

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Patrimoine mondial de l'Unesco[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : modernisme catalan et Art nouveau à Bruxelles.

Les principaux bâtiments classés par l'Unesco comme patrimoine mondial se trouvent à Barcelone et Bruxelles.

La première ville abrite des monuments classés du modernisme catalan des architectes Antoni Gaudí et Lluís Domènech i Montaner. Pour le premier, il s'agit du parc Güell, du palais Güell, de la Casa Mila, de la Casa Vicens, du travail de Gaudí sur la façade de la Nativité et la crypte de la basilique de la Sagrada Familia, de la Casa Batlló et de la crypte de la Colonie Güell. Pour le second, il s'agit de l'hôpital de Sant Pau et du palais de la musique catalane.

À Bruxelles, ce sont des bâtiments de Victor Horta et Josef Hoffmann. Du premier, ce sont les quatre habitations majeures : l'hôtel Tassel, de l'hôtel Solvay, de l'hôtel van Eetvelde et de la maison Horta, maison-atelier de l'architecte, devenue musée Horta. Du second, c'est le palais Stoclet, réalisé entre 1905 et 1911 par l'architecte autrichien Josef Hoffmann, l'un des maîtres de la Sécession viennoise.

Quelques œuvres architecturales majeures[modifier | modifier le code]

Immeuble construit parLouis Perreau, à l'angle des rues du Château et du Temple, à Dijon.

L'Art nouveau a été décliné selon la sensibilité de chaque pays.

L'Art nouveau a également laissé de nombreuses œuvres dans les villes de Nancy et Bruxelles qui furent des centres de développement de ce mouvement. Également, Rīga contient la plus grande concentration d'Art nouveau en Europe.

Principales tendances[modifier | modifier le code]

Europe du Nord[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Jugendstil.

Europe centrale[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Sécession viennoise.

Belgique, France et Suisse[modifier | modifier le code]

Bruxelles[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Art nouveau à Bruxelles.

Les prémisses de l'Art nouveau se retrouvent dans les serres royales de Laeken, construites à la demande du roi Léopold II. Mais c'est le Parti ouvrier belge qui lança véritablement l'Art nouveau en Belgique, en confiant la construction de la Maison du Peuple à Victor Horta, en 1897. Parmi les influences de Victor Horta, on peut nommer Paul Hankar et Gustave Serrurier-Bovy, inventeurs du style à membrures.

Pour Klaus-Jürgen Sembach, la maison de l'ingénieur Tassel incarne toute la complexité de l'Art nouveau : « Les éléments rationnels et artistiques sont parvenus à une symbiose où ne prédomine aucun des deux éléments. » L'utilisation des structures d'acier permet d'assurer la transparence, concept central dans l'œuvre d'Horta, et donner une illusion d'espace dans une ville où les parcelles constructibles sont étroites13.

L'artiste le plus célèbre de Bruxelles est Henry van de Velde, sans doute grâce à son talent dans le marketing personnel. Il commence sa carrière par la construction de sa propre maison, sans formation de design ou d'architecture.

Catalogne et Hongrie[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : modernisme catalan et Sécession hongroise.

À l'opposé des autres tendances de l'Art nouveau en Europe, les artistes, en Catalogne et en Hongrie, cherchent à créer ou à mettre en valeur une architecture nationale réelle ou supposée. Lorsque Domènech i Montaner déclarait, en 1878 : « Le mot de la fin sur toutes ces discussions sur l’architecture, la question centrale de toutes ces critiques tourne autour de l'idée d’une architecture moderne nationale. »

En Hongrie, Ödön Lechner (1845-1914), s'inspirait de l'architecture indienne et syrienne, récupérait et intégrait les éléments et techniques de construction et de design traditionnels hongrois. Suivant un style différent, le Groupe des Jeunes (Fiatalok), qui incluait Károly Kós et Dezső Zrumeczky, s’inspira de ses méthodes et créa un autre style trouvant ses racines dans l'architecture de Transylvanie. Cette démarche fait clairement écho à la réutilisation dunéomudéjar, puis à la récupération des techniques traditionnelles par les architectes catalans pour créer un art national.

Si dans l'un et l'autre des cas, ces démarches aboutirent à des tendances originales, d'autres artistes s'inspirèrent des autres mouvements.

États-Unis[modifier | modifier le code]

Royaume-Uni[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Arts & Crafts.

Russie[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Architecture Art nouveau en Russie.

Principaux représentants[modifier | modifier le code]

Maude Adams en Jeanne d'Arc, Alfons Mucha (1909).
Œuvre Art nouveau d'Élisabeth Sonrel (1900).

L'Art nouveau est surtout un mouvement répandu en Europe, mais il existe aussi quelques développements aux États-Unis et en Tunisie.

Voici les principaux pôles et intervenants de l'Art nouveau à travers le monde :

Principales villes Art nouveau dans le monde[modifier | modifier le code]

Les pays et villes faisant l'objet d'un article traitant de l'Art nouveau sont indiqués en gras.

Verrière et lustreNote 3 de la galerie du palais Gresham, à Budapest.
Kůň, Lucerna passage,Prague.

Postérité de l'Art nouveau[modifier | modifier le code]

Le fondement même de l’Art nouveau est une révolte contre les limites des arts nationaux4. Il apparaît au moment où la civilisation industrielle arrive à maturité sur le plan des techniques, avec des débouchés commerciaux très internationalisés. Il fallait que l’art puisse suivre et sorte de son cadre national devenu de plus en plus étroit et de plus en plus lourd symboliquement4.

L’Art nouveau a été accusé d’être insupportable par le mouvement nationaliste, dans les années 1904-1905, où les associations d’extrême droite française condamnent Hector Guimard, on parle même de « style nouille ». C’est le rejet total et on n’hésite pas à employer la même rhétorique que pour les juifs : les artistes sont contre la nation et doivent être éliminés… L'Art nouveau est condamné par l’exposition de 1900, Hector Guimard n’est pas présent, Henri Sauvage non plus, pas plus que les artistes belges ; il n’y a pas une œuvre officielle en Art nouveau, toutes sont en style Gabriel, les plus modernes sont du Louis XVI et luttent contre l’Art nouveau4.

Dans les grandes histoires de l’architecture européenne du xxe siècle, à partir des années 1930 et tout au long des années 1940-1950, les principaux historiens, à l'instar de Nikolaus PevsnerSigfried Giedion ou encore Henry Hitchcock (en), ne prennent pas en considération l’Art nouveau. Ainsi, les premières versions du Génie de l’architecture européenne, de Pevsner, ne mentionnent ni Guimard, ni Gaudí. En fait, ces auteurs peinent à situer l’Art nouveau dans une perspective historique et acceptent difficilement la remise en cause de l’affirmation d’une structure (acier, verre…) claire, franche et très affirmée.

Chaise Panton, exemple de design organique

Dans les années 1930, les surréalistes ont une part très active dans la réhabilitation de l’Art nouveau. Salvador Dalípublie un article dans la revue Minotaure, organisme de diffusion de la pensée surréaliste, qui s'intitule « De la beauté terrifiante et comestible du Modern style ». Cet article est illustré par les photographes les plus modernes, commeBrassaï, à qui Dalí commande un reportage sur les entrées du métropolitain nocturne de Guimard. Un autre reportage est commandé à Man Ray pour les architectures de Gaudí. André Breton partageait cette appréhension de l’Art nouveau à la manière de Dalí qui évoque les « formes libidineuses de l’Art nouveau ». Mais surtout Dalí y voit un formidable moyen de lutte contre Le Corbusier, car l’Art nouveau présente une architecture onirique, érotique et beaucoup plus proche du rythme de l’homme3.

À la même époque, Dalí découvre l'œuvre du peintre Clovis Trouille — il se présentait comme un « rescapé de 1900 » —, qui l'enthousiasme par son absence d'autocensure et ses références récurrentes à l'Art nouveau. C'est aussi au cours de ces années 1930 que le designer finlandais, Alvar Aalto, conçoit des formes sinueuses, libres et expressives, évocatrices des créations les plus abstraites de l'Art nouveau15.

La chaise Escargot, de Carlo Bugatti, préfigure la chaise Floris de Günter Beltzig, ou encore la célèbre Panton Chair, créée en 1959 par le DanoisVerner Panton, et devenue depuis un grand classique de la décoration contemporaine. Quant aux créations de Carlo Mollino, dans les années 1950, elles rappellent les ossatures du mobilier de Gaudí15.

Le billet de 200 euros, présentant une arche de style Art nouveau.

La parution des premiers grands ouvrages traitant de l’Art nouveau se fait à la fin des années 1950, avec Johnny Watser. Rétrospectivement, ce sont surtout les reproductions des affiches qui ont séduit et le matériel Art nouveau devient accessible aux gens qui font du design. Les motifs seront repris dans les années 1960 par les jeunes artistes graphistes designers. Deux dates expliquent cette connaissance : l'organisation en 1963, au Victoria and Albert Museum de Londres, d'une exposition Mucha et, en 1966, une exposition consacrée au dessinateur Aubrey Beardsley, deux évènements essentiels dans la redécouverte de l'Art nouveau.

En 1966, le sculpteur François-Xavier Lalanne renoue avec le projet de l'Art nouveau de saisir la nature pour améliorer le cadre de vie de l'homme moderne. Cette même année apparaissent à San Francisco les premières affiches psychédéliques dont les graphistes reprendront certains thèmes de l'Art nouveau tels que la chevelure, le paon ou les formes féminines15.

Les dessins choisis pour illustrer le billet de 200 euros représentent une arche et un pont d'esthétique Art nouveau.

 

 

 

Référence: https:/

/fr.https://christophecourtois.blogspot.ca/2013/03/savez-vous-faire-la-difference-entre.html.org/wiki/Art_nouveau